Ouaddaï: Interdiction des motos, baisse des indicateurs

8 mai 2018

Ouaddaï: Interdiction des motos, baisse des indicateurs


Passage du Gouverneur du Ouaddaï à Amleyouna

J’ai assisté ce jour à une communication dont l’un des points me préoccupe. Le Gouverneur de la Région du Ouaddaï Adoum Forteye, accompagné d’une forte délégation est arrivé dans la sous-préfecture d’Amleyouna (60 Km à l’Est d’Abéché) pour passer un message. Nous étions une quarantaine de personnes à l’attendre. Dès l’arrivée de la délégation, j’ai pressenti qu’ils étaient pressés.

Dans un discours très bref, après l’introduction du Sous-préfet d’Amleyouna, le Gouverneur a prononcé quatre mots: armes, motos, fraudes et véhicules.

Il s’agit, en effet :

1- Pour toute personne qui possède une arme à feu, de la remettre au sous-préfet ou au chef de canton.

2- Pour toute personne qui possède une moto, de la remettre également au sous-préfet ou au chef de canton.

Selon le Gouverneur, plusieurs meurtres et braquages sont pratiqués par de personnes à motos. Les motos constituent ainsi une cause d’insécurité et ne doivent pas circuler en dehors de la ville d’Abéché.

3- Pour toute personne transportant frauduleusement des marchandises, de cesser immédiatement. Car la fraude constitue un manque à gagner pour la caisse de l’Etat.

4- Les véhicules TOYOTA pick-up, les véhicules sans plaques d’immatriculation et les vitres fumées sont interdits.

Je n’ai pas eu le temps de poser une question qui me préoccupait mais elle me tient toujours à cœur, car je n’ai pas, jusqu’à l’heure où je publie cet article, trouvé de réponse. Elle concerne l’interdiction de circuler à moto. Au fait, le point n’était pas spécifié par le Gouverneur, mais il existe des motos de service et celles des particuliers.

Je m’explique: je suis responsable d’un centre de santé (RCS) en brousse et point focal de la surveillance épidémiologique intégrée (PF/SEI). A ce titre, je surveille sept centres de santé et plusieurs autres guérisseurs traditionnels de la zone Est du District Sanitaire d’Abéché. Je dois, en pratique, visiter tous les sites au moins une fois par mois, soient deux sorties par semaines, afin de rechercher les cas de Paralysie Flasque Aigue (PFA) et autres maladies sous surveillance.

En plus de la surveillance, il y a également la vaccination des enfants âgés de zéro à onze mois et des femmes enceintes. Pour tous les villages se trouvants au-delà de cinq kilomètres du centre de santé, je dois aller vers eux afin de vacciner la cible précitée. Tout cela, je le fais à moto. Cela ne concerne pas que moi mais tous les RCS. Voire même tous les responsables des services de l’Etat exerçant dans les zones rurales. Je sais que très peu d’entre nous (pour ne pas dire personne) ont des véhicules. Maintenant que la décision est prise et qu’elle est générale, je ne sais que faire.

En tout cas, si une solution n’est pas trouvée dans un bref délai, les centres de santé se verront leurs indicateurs baissés considérablement. Ce qui n’est dans l’intérêt de personne: ni du Gouverneur, ni population, moins encore de l’Etat. Je n’oublie pas aussi le fait que plusieurs autres activités sont bloquées depuis la prise de cette décision.

Cet article est une sorte de plaidoyer que j’adresse auprès des preneurs de cette décisions pour autoriser, sinon tout le monde, au moins les RCS et autres chefs de services, à utiliser leurs motos…

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