Hassan Abdoulaye

Ouara: Les incendies continuent à faire des victimes

Deux villages du département de Ouara ont été victimes d’incendie le samedi, 30 mars 2013. Ce qui augmente à sept le nombre de villages calcinés par le feu dans ce département, dans un intervalle d’un mois, soit en moyenne un incendie tous les quatre jours.

Incendie

Aux villages Kandikéine, Tara, Gandiguine, Hougouné, Tardjam Hidjer et tous les autres, les dégâts ont été énormes. Presque tous les ménages du village atteint et leur contenu sont partis en fumée : de l’or, des céréales, des habits, des ustensiles, des animaux, de l’argent en espèce etc. On le sait, le feu ne laisse rien à son passage. Les dégâts sont toujours estimés à plusieurs millions de francs CFA. Il y a aussi des pertes de vie humaine quelquefois.

Des enfants, des femmes, des vieillards sans abris, ni couvertures, sous la chaleur oscillant entre 45 et 47°C. Il y aussi le problème de l’eau de boisson, car, les récipients sur lesquels ils apportent l’eau sont tous consumés.

Des enfants après l'incendie
Des enfants après l’incendie

Les incendies à Ouara, c’est devenu un phénomène. Un phénomène cyclique, qui revient chaque année et à la même période.

Bien que les origines de ces incendies aient été le plus souvent inconnues, ce qui favorise ces incendies c’est la manière de construire.  1. Toutes les constructions (ou presque) se font à base de la paille ; 2. Les constructions sont très serrées les unes les autres ; 3. Il manque l’eau, moins encore une structure de secours pour éteindre le feu avant qu’il ne gagne tout le village. C’est aussi un problème, surtout pour les villageois qui subissent cela périodiquement, chaque année et au même moment. Mais que faire ? C’est la grande question.

Certes, en cas d’incendie, le gouvernement et les bonnes volontés volent au secours des sinistrés. Mais jusqu’à quand ? « Il faudrait une solution définitive à ce phénomène qui revient chaque année », propose le préfet du département de Ouara, Moussa Dassidi, qui appelle les villageois à construire en matériaux semi-durables, avec des briques… Mais peuvent-ils y arriver seuls, ces villageois, du moment où la construire semi-durable nécessite beaucoup d’eau alors qu’ils même pour avoir l’eau de boisson les femmes parcourent des kilomètres ?

Le jour où nous étions partis au village Hougouné pour faire une évaluation des dégâts, beaucoup ont commencé à reconstruire. Mais avec les mêmes habitudes : toujours en paille. « Nous ne pouvons que cela pour le moment » lance une femme en continuant à construire un secco. « Ces pailles et bois que vous voyez nous ont offerts par les habitants des villages environnants ». annonce un vieux en les désignant.

En attendant, les incendies continuent à faire des victimes.


Abéché : Des fidèles à la quête de la paix.

L’Entente des Églises et Missions Évangéliques au Tchad (EEMET) a organisé un séminaire sur la culture de la paix à Abéché. Une trentaine de jeunes issus des différentes confessions religieuses de la ville d’Abéché se sont brassés et échangés, durant 4 jours, sur l’amour du prochain, le pardon, la gestion des conflits et leur transformation pour une paix durable.

vue d'ensemble des participants
vue d’ensemble des participants

Ce séminaire vise à promouvoir la culture de la paix et la cohabitation pacifique. Pour le coordonnateur du département étique, paix et justice de l’EEMET, la paix favorise un développement multidimensionnel et toutes les religions du monde et tous les textes révélés enseignent la paix, l’amour et le pardon.  Pasteur Dogos Victor indique par ailleurs qu’au niveau national, le concept est mieux compris, mais il reste un travail à la base. Ce qui justifie, selon lui, le choix de 10 jeunes musulmans, 10 autres catholiques et 10 protestants. « Tous les tchadiens sont appelés à vivre ensemble et ils doivent donc s’accepter les uns les autres, respecter leurs différentes cultures et enseigner le message de la paix partout où qu’ils se trouvent », recommande Pasteur Dogos.

Cette assise ne consiste pas à parler de la théologie  des doctrines, ni à discuter des différentes religions, moins encore à critiquer les religions. Elle consiste tout simplement à éviter les préjugés et caser les barrières qui pourraient exister entre les jeunes.

Les participants, qui apprécient ce séminaire à juste valeur indiquent que cela leur a permis de bâtir des relations et promettent garder le contact et mettre en pratique la conviction reçue.


Abéché: Les personnes handicapées se battent…

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».  Les personnes handicapées ont les mêmes droits que les personnes valides, stipulentles textes en vigueur de la République du Tchad. Mais ces textes sont pour la plupart foulés aux pieds selon les personnes handicapées elles-mêmes.

Un handicapé moteur
Un handicapé moteur

La ville d’Abéché regroupe un nombre important de personnes handicapées. Il y a les handicapés physiques ou moteurs, les non-voyants et les sourds entre autres.

Malheureusement, cette couche vulnérable se confronte quotidiennement à des difficultés : ils sont marginalisés, ils n’ont pas accès au travail au même titre que leurs frères valides, les filles handicapées ne sont pas sollicitées pour être mariées … Même si les bonnes volontés leurs font des dons pour les aider, ces dons arrivent rarement à destination. C’est les valides qui s’en profitent. Alors qu’ « on ne choisit pas de devenir handicapé, cela peut arriver à chacun de nous », se lamente une jeune fille handicapée. Elle a l’air démoralisée psychologiquement. C’est comme s elle dit : qui viendra m’épouser ? qui me donnera du travail ?

Pourtant, ces « invalides » ne sont pas restés les bras croisés. Ils se sont constitués en association : l’Association d’Entraide des Personnes Handicapées, AEPH en sigle.  Ainsi, ils essaient de se prendre en charge et aussi, d’une manière ou d’une autre, de contribuer au développement de la localité ; et cela à travers diverses actions. Ils organisent des conférences-débat, des causeries éducatives, des opérations de salubrité, des plantations des arbres etc.

La branche féminine de cette association fait entre autres la transformation des produits locaux en sirop et en confiture, couture des habilles, fabrication des nappes, des cartes de vœux, des chaussures et sacs, des vannes et plusieurs autres articles. Elle fait aussi la tresse, fabrique des cakes etc. Les articles, fabriqués localement, sont exposés au siège de l’association d’où certaines personnes viennent pour acheter.

Exposition lors d'une foire
Exposition lors d’une foire

Lors de la célébration de la 19ème édition de la Journée Nationale des Personnes Handicapées célébrée le 07 février dernier, le président de cette association a indiqué que cette année, la branche féminine de son association bénéficiera des machines à coudre, de faufilage et de broderie ; et les hommes quant à eux, bénéficieront d’une formation en technique de maroquinerie.

En tout cas, le gouvernement, à travers  les délégations régionales de l’action sociale doit assurer le respect de  la dignité, des droits et le bien être des personnes handicapées. Il y a également la Loi 007 qui stipule les droits des personnes handicapées mais à quand le décret d’application de cette loi ???


FESACO: De l’art pour un développement local

Festival des arts et de la culture du Ouaddaï (FESACO) : l’heure est au bilan.

La 3ème édition du Festival des arts et de la culture du Ouaddaï (FESACO) c’était déroulée dans des bonnes conditions selon les organisateurs. Ils estiment que le bilan est positif et que les objectifs fixés ont été atteints. Cela ressort d’une réunion bilan qu’ils ont tenue ce mercredi au bureau de la Troupe Théâtrale « Etoile des Jeunes » d’Abéché, initiatrice du festival.

Cérémonie du lancement officiel du FESACO
Cérémonie du lancement officiel du FESACO

Du 24 au 27 janvier dernier à Abéché, des artistes venus de Wadi Fira, Salamat, Batha, Sila, N’Djamena et ceux du Ouaddaï ont présenté plusieurs manifestations culturelles, notamment des sketchs de théâtre,

de la danse traditionnelle et musiques et poèmes. Il y a eu également un conférence-débat sur le thème « théâtre et développement local » et un atelier de formation sur les techniques de l’acteur.

Danse traditionnelle (Kinine) - lors du FESACO
Danse traditionnelle (Kinine) – lors du FESACO

Selon le directeur du festival, la Troupe Théâtrale « Etoile des Jeunes » vise à travers ce festival à favoriser le brassage et consolider les liens de solidarité entre les jeunes de différentes régions, conscientiser les jeunes sur les maux qui minent notre société et promouvoir le patrimoine culturel du pays et surtout celui du Ouaddaï. Le directeur estime par ailleurs que les objectifs assignés par le FESACO 3ème édition sont atteints. Ces jeunes qui sont venus de différentes régions, qui ne se connaissaient pas, sont devenus comme des frères durant toute la période du festival, ce qui contribue au maintien de la paix et de la stabilité du pays ; ajoute t-il. Il a remercié tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cette 3ème édition et appelle les autres à en faire autant.

Les festivaliers ont remercié la troupe Etoile de Jeune d’Abéché pour avoir organisé ce festival et le formateur pour avoir partagé avec eux ses connaissances. Mahamat Nour Ali le formateur qui se dit satisfait de l’organisation de ce festival a indiqué que le théâtre est mal compris par la population et pourtant c’est ce théâtre qui fait rayonner le pays.

Le délégué régional de la culture du Ouaddaï, représentant le Gouverneur, a déclaré que ce festival a permis le brassage entre jeunes et permet, selon lui, de promouvoir la culture de la paix. Coleta Banébé Gilbert ajoute que cette manifestation entre en droite ligne dans la politique du gouvernement axée autour de la jeunesse. Il a, au nom de l’administration rassurer la troupe de son soutien afin que la culture tchadienne soit diffusée au-delà de nos frontières.


Est du Tchad : Retournés tchadiens à Adré, la situation est serieuse.

Plus de 1200 tchadiens sont déplacés (ou plutôt retournés) à Adré, près de la frontière soudanaise, dans le département d’Assoungha, et plus 500 autres se trouvent à Tindelti, à une trentaine de kilomètres au nord d’Adré. Ils ont fui le conflit intercommunautaire survenu à El-Djineina autour d’une mine d’or.

L’annonce a été officiellement faite hier par le gouverneur de la région du Ouaddaï, lors d’une réunion tenue au gouvernement. Cette réunion a regroupé les organisations humanitaires et les agences des nations unies œuvrant à l’Est du Tchad, elle vise à explorer les possibilités de prise en charge de ces retournés et leur acheminement vers leurs régions d’origines. Le gouverneur déclare que la situation est très préoccupante et demande le cours de tous les humanitaires pour améliorer les conditions de vie de ces personnes et éviter le pire. Il indique aussi que les régions les plus concernées sont le Ouaddaï, le Sila, le Batha et le Guéra.

Il a été convenu lors de la réunion que ces personnes seront acheminées dans les chefs-lieux de leurs régions respectives et, à partir de là, elles vont se débrouiller pour atteindre leurs villages.

Pour assurer la prise en charge rapide de ces nécessiteux, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a mis à leur disposition des vivres pour une dizaine de jours, avant leur acheminement. L’ONG Médecins Sans Frontière et d’autres ONG sont déjà sur le terrain.

Le délégué régional de l’action sociale, de la solidarité nationale et de la famille indique que d’autres tchadiens peuvent être attendus dans les jours à venir.