Hassan Abdoulaye

Accidents de la route au Tchad : 10 constats amers

"Vingt personnes ont trouvé la mort et plusieurs autres blessées dans un accident de la route survenu vendredi matin dans une localité du centre tchadien, a indiqué à Anadolu la ministre tchadienne des Transports et de la sécurité routière, Fatima Goukouni Weddeye."
Source : Tchad: 20 morts et plusieurs blessés dans un accident de la route

Comme tu le sais déjà, 20 de nos compatriotes ont trouvé la mort et 9 autres ont été blessés suite à un accident de circulation survenu ce 27 janvier 2023 entre Oum-Hadjer et Abéché. Un bus transportant des passagers de N’Djamena à destination d’Abéché est entré en collision avec un gros porteur en manne garé au bord de la route. Cet accident n’est malheureusement qu’un accident de trop.

Chronologie des faits

  • Le 22 janvier 2023, juste quelques jours avant cette tragédie, un autre bus se heurte à un gros porteur sur l’axe Bongor – Guelendeng et fait 5 morts et plusieurs blessés ;
  • En décembre 2022, un bus en provenance de Sarh écrase un motocycliste et se renverse près de Goré, faisant plusieurs blessés, sans causer des morts, heureusement ;
  • En octobre 2022, un accident de bus sur l’axe Kélo – Eré fait 3 morts et plusieurs blessés ;
  • En juillet 2022, un bus fait un accident sur l’axe Bolong – Mongo et cause au moins 2 morts et plusieurs blessés ;
  • En février 2022, deux bus entrent en collision entre Mangalmé et Oum-Hadjer et font 33 morts et une cinquantaine de blessés.

Tu vois le nombre de morts suite à des accidents de bus, rien que pour l’année 2022 ? Et il y en a certainement bien d’autres accidents que je ne connais pas. Et les autorités sont bien conscientes de la situation. Selon le Ministère des Transports, en moyenne 2 650 tchadiens meurent chaque année à cause des accidents de la route (2022). En plus de ces pertes en vies humaines, ces accidents font perdre au Tchad près de 72 milliards de nos francs par an, selon la même source.

La Crainte

Les accidents de la route sont devenus un véritable problème. Tout passager qui voyage par un bus, surtout d’Abéché à N’Djamena ou vice-versa, craint sa vie jusqu’à ce qu’il arrive à destination. Ces parents sont aussi inquiets que lui.

Les paroles « volantes »

À chaque fois qu’un accident de route survient, les autorités, à commencer par le Président de la République, font un communiqué pour regretter les faits et rendre condoléances aux familles endeuillées. Et au bas du communiqué, ils ont l’habitude de parler des enquêtes qui vont être ouvertes, des mesures qui vont être prises etc. Suite au dernier accident par exemple, le Président de la Transition a promis « prendre des mesures fortes pour limiter ces tragédies répétitives ». La même promesse a été faite il y a un an, après l’accident du 27 févier 2022. « Le Ministère en charge des transports doit prendre l’entièreté de ses responsabilités à cet égard pour faire respecter les règles de circulation qui sauvent » avait-il indiqué.

Parlant du Ministère en charge des Transports Terrestres et de la Sécurité Routière, Madame le Ministre a fait un communiqué dans lequel elle a rappelé les usagers de la route à respecter les textes en vigueurs et indique que « des mesures seront prises à l’encontre des contrevenants ». Même discours d’il y a un an.

Dans ses propos de février 2022, le Président de Transition avait indiqué que « la route continue à tuer dans notre pays à cause des comportements irresponsables et autres manquements sur la voie publique ». Et elle continue à tuer, malheureusement. Je me demande d’ailleurs quelles sont les mesures concrètes qui ont été prises suite au dernier accident ?

Photos illustratives
Photos illustratives

Mon constat

Je viens d’effectuer un voyage au Cameroun. Je suis arrivé jusqu’à Yaoundé, la ville montagneuse à la terre rouge. Je t’assure que j’ai voyagé en pleine sécurité dans un véritable le confort. Comparaison n’est pas raison mais je te parle ici de ce que j’ai constaté lors de mon voyage :

  1. Les agences de voyage sont très bien organisées, on dirait un aéroport : les bagages sont étiquetés ;
  2. Les chauffeurs sont très bien habillés, on dirait des pilotes ;
  3. Les routes sont larges et en très bon état on dirait qu’on roule sur des carreaux ;
  4. Les chauffeurs sont très disciplinés : ils attachent la ceinture de sécurité et demandent aux passagers de faire pareil ; ils roulent à une vitesse vraiment limitée, presque constante ; il s’arrête régulièrement pour permettre à ceux qui ont dans le besoin, de se soulager. Je n’ai pas un chauffeur manipuler un téléphone ou décrocher un appel ;
  5. Le chauffeur détient une copie de la liste de tous les passagers, avec leurs contacts et leurs destinations. Arrivé dans un lieu, le bus s’arrête et le convoyeur appelle le passager qui doit descendre. Il le réveille s’il dort ;
  6. Aucun passager n’est resté sur l’aller du bus (Koursi nouss)
  7. Des agents spéciaux sont placés sur la route et contrôle la vitesse à laquelle le bus roule. En cas d’accès de vitesse, l’agent signale au poste de contrôle suivant et le bus va être arrêté et chauffeur amandé ;
  8. Arrivé dans un village à mis chemin, un autre chauffeur prend le relais pour amener les passagers à destination.

Je t’ai parlé de 10 constats sur le titre de mon article. Voici les 8. Les 2 autres se trouvent sur le texte.


Jeunesse: Quatre conseils pour participer au développement de l’Afrique

Je participe depuis ce matin au premier Symposium International du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) pour la Jeunesse. Cette rencontre qui se tient du 1er au 02 juillet à l’hôtel Radison Blu à N’Djamena, regroupe plus de 170 jeunes venus des différentes régions du Tchad, des 54 autres pays africains et de la diaspora. C’est une occasion pour les jeunes de discuter de leur participation dans la bonne gouvernance de l’Afrique.

De tous les discours et autres interventions, ce dont je voulais parler sur cet article c’est la responsabilité des jeunes. Certainement, comme l’a dit l’ancien ministre de la culture Khayar Oumar Deffallah, les jeunes africains sont confrontés à des obstacles tels que la difficulté d’accès à la politique et le problème de la libre circulation, mais les jeunes, eux-mêmes ne prennent pas leur destinée en main.

Pour ne pas être trop long, je formule les recommandations suivantes :

  1. Comme je le disais un jour à un ami, parlant de la politique, il ne faut pas rester en dehors du cercle et critiquer mais entrer plutôt dans le cercle et donner son point de vue afin de changer les choses comme l’on le souhaite. Pour apporter notre contribution dans le développement de l’Afrique, nous devons comprendre le système, comprendre comment s’y intégrer et comment s’imposer pour que notre opinion soit prise en compte ;
  2. Comme l’a dit un intervenant dans la salle, nous ne devons pas attendre à ce qu’on nous donne ce qui nous appartient. Nous ne devons pas rester attendre à ce qu’on vienne nous informer des opportunités par exemple. Allons vers nos cadets, demandons leur poliment les informations dont nous avons besoin ;
  3. Entreprenons ! Devons nos propres patrons avec l’auto-emploi. N’attendons pas tout des Etats, des gouvernements ;
  4. Nous ne devons pas nous sous-estimer. Quand on nous donne une responsabilité, nous devons bien accomplir la mission qui nous est assignée, sans s’auto-exclure des autres jeunes. Soyons responsables et évitons de donner l’expression que nous ne pouvons l’être.


Ouaddaï: La sensibilisation comme solution aux conflits.

J’ai participé, ce mardi 04 juin 2019, à la présentation des vœux au Gouverneur de la Province du Ouaddaï Ramadan Erdebou, à l’occasion de l’Eid-El-Fitr ou fête de Ramadan. Je suis parti en ma qualité de membre d’une organisation de la société, représentant nom association : l’Association Culturelle « Etoile des Jeunes ». J’avoue que c’est ma première fois d’assister à ce genre de rencontre. Les différentes catégories de personnes entrent à tour de rôle. Sur le programme, nous sommes censés entrer à 11H30mn mais nous avons été reçus à 12H10mn. Ensemble avec les représentants des partis politiques, nous étions dans une salle d’attente quand le protocole du gouverneur est venu nous dire d’entrer dans le salon où se trouvent le Gouverneur et son staff pour recevoir les vœux.

Dans la salle se trouve également une équipe de la radio qui assure la retransmission en direct de l’événement. Nous avons désigné un de nous qui a présenté les vœux au Gouverneur, tout en déplorant les événements de ces derniers jours qui ont causé mort d’hommes et réitérant notre engagement à sensibiliser les différentes communautés sur le pardon et le vivre ensemble.

Ce dont je voulais parler ici c’est la réponse du gouverneur. D’abord, il a déploré, lui aussi, les attaques qui ont fait plusieurs victimes ces derniers jours, indiquant qu’il est inadmissible, à notre époque, que des hommes meurent sans aucune raison. Il nous a également signifié que les membres des organisations de la société civile et ceux des partis politiques sont les conseillers des autorités administratives. Malheureusement, « certaines associations n’existent que de nom et leurs bureaux se trouvent dans les sacs de leurs présidents. Elles ne font aucune activité et attendent un financement. Comment cela serait-ce possible ? » S’est-il interrogé. Je sais que ce qu’il dit sur certaines associations est vrai mais je vous assure, sans faire des commentaires, que mon association n’en fait pas partie. Aux représentants des partis politiques, il a indiqué qu’ils ne doivent pas attendre la campagne pour s’adresser à la population. Ils peuvent organiser des séances de sensibilisation sur divers thèmes relatifs au quotidien de la population : santé, éducation, protection de l’environnement, social…

Aussi, il a insisté sur les méfaits des réseaux sociaux, surtout WathsApp, sur lesquels des personnes malintentionnées diffusent des messages de violence dans le but de diviser les communautés, et qui sont, malheureusement, suivis par certains jeunes.

Le gouverneur nous a donc exhortés à se mettre au travail.  « Le Tchad repose sur vous, les jeunes. Je vous demande d’intensifier les sensibilisations sur la cohabitation pacifique afin que la population change de comportement » a-t-il indiqué.

Personnellement, je m’adhère à ses idées et appelle toutes les couches sociales à s’impliquer et sensibiliser les différentes communautés sur le vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Aux jeunes particulièrement, à ne pas suivre tout ce que les gens racontent sur WathsApp.


De l’eau pour Abéché : la solution communautaire

Distribution de l’eau dans un quartier d’Abéché

La situation

Abéché est la deuxième grande ville de mon pays le Tchad. Elle est située à environ 900 kilomètres à l’est de la capitale N’Djamena. Les 83 000 âmes qui y vivent ont du mal à trouver de l’eau. La Société Tchadienne des Eaux (STE) n’arrive pas à satisfaire la population. Les robinets ne coulent pas, même pas une seule goutte, dans certains quartiers de la ville, pendant cette période de canicule où la population a plus besoin d’eau. Selon la STE, la seule solution serait le projet Bitéha II.

Vous trouvez des dizaines de colporteurs d’eau alignés devant les quelques bornes fontaines attendant impatiemment l’eau qui ne coule pas ou à compte-gouttes. Certains passent toute une journée pour n’avoir que trois tours. Des femmes en jeûne, sous la chaleur accablante, se disputent le tour. Un seul bidon de 20 litres se vend entre 100 et 150 francs CFA selon la distance entre le quartier et la borne fontaine.

De la promesse vaine

Le Chef de l’État avait PROMIS plusieurs fois de résoudre le problème. Il parle de ça depuis que je faisais le CM2 et pendant chaque campagne présidentielle. Cela fait plus de 20 ans. Récemment, il était même allé personnellement à Bitéha, où se trouvent les installations de pompage, pour constater de visu la situation. Il avait DÉCLARÉ que le problème d’eau à Abéché ne va être qu’une histoire. Mais il n’a honoré aucune de ses promesses. La population d’Abéché a espéré une solution avec l’exploitation du pétrole (avant que la vache ne maigrisse) mais hélas ! Un projet intitulé « Bitéha II » dont le coût s’élève à près de 3 milliards a été même adopté par l’Assemblé Nationale mais penne à se réaliser.

La population pleure mais personne ne la console.  Elle crie mais personne ne l’écoute. Elle appelle au secours mais personne ne lui vient en aide. Ni le Chef de l’État, ni le gouvernement, moins encore les soient disant élus du peuple.

Une solution communautaire

Distribution de l’eau dans un quartier d’Abéché

L’eau étant la vie, une denrée vitale, la population, délaissée, ne pouvant pas croiser les bras et attendre la réalisation d’une promesse qui ne se concrétise pas où peut être jamais, elle a fait quelque chose : ceux qui ont les moyens personnes ont creusé des forages afin de combler le vide mais cela ne suffit bien évidemment pas. Alors la population s’est organisée. Une commission de gestion de la crise d’eau à Abéché a été mise sur pied afin de réfléchir sur une solution d’URGENCE d’ici la fin du mois de Ramadan. La commission s’est approchée des propriétaires des forages et citernes et, alhamdou lillah, les bonnes volontés locales ont réagi. Rapidement, un forage et trois citernes ont été mis à la disposition de la commission, 5 quartiers prioritaires ont été identifiés et l’opération de distribution de l’eau a commencé. Comme vous le voyez sur les images, la citerne se stationne sur un site et la population sort avec des récipients, généralement des fûts, pour s’approvisionner en eau. 30 mètres cubes ont été distribués dans trois quartiers lundi 21 mai. UN ACTE MODESTE MAIS SALUTAIRE. Avec le sourire aux lèvres, les bénéficiaires estiment retrouver la vie.

Selon les membres de la commission, l’opération se fera chaque jour et continuera jusqu’à la fin du Ramadan. En attendant une solution durable.


Attaque dans le Ouaddaï/Sila: les assaillants défient les autorités.

Ambulance transportant des blessés

Il était environ 17Heures, ce lundi 20 mai. En sortant de l’hôpital provincial d’Abéché j’écoute la sirène : c’est une ambulance qui vient de la province de Sila, transportant des blessés. Des blessés suite à l’attaque des villages des ouaddaïens par des tribus arabes. D’autres ambulances étaient sur le point d’aller amener d’autres blessés. Ce qui rend à 28 le nombre de blessés évacués à l’hôpital provincial d’Abéché, depuis le début du conflit, jeudi 16 mai, dans la province du Ouaddaï. Cela sans compter ceux qui sont évacués dans d’autres hôpitaux. L’on dénombre également plus d’une vingtaine de morts.

Le ministre de la sécurité publique était même arrivé sur le terrain, arrêtant une trentaine de présumés auteurs et complices, annonçant la suppression de diya mais la situation s’est empirée après cette arrestation.

On parle quelque part d’un conflit agriculteurs-éleveurs mais c’est loin d’être le cas, car aucun éleveur n’a commencé à cultiver et les champs sont donc déserts. Des sources ont indiqué qu’il existe parmi les assaillants des hommes en ténues soudanaises, ainsi que des pick-up avec des immatriculations soudanaises.

Je ne reviens pas sur les faits mais je me pose beaucoup de question. Pourquoi cela ? Pourquoi les attaques persistent, des Hommes continuent à mourir, à souffrir, alors que toutes les autorités sont a

u courant de la situation ? Pourquoi laisser des hommes armés venir du Soudan pour faire des victimes au Tchad ? Où sont les forces tchadiennes de défense et de sécurité ? Y’a-t-il une volonté de défendre et de sécuriser la population ? Où est l’autorité de l’Etat? Un Etat qui est capable de délocaliser des troupes de rebelles n’est-il pas capable de stopper un groupe d’individus ?